sexta-feira, outubro 16, 2009

Guinée-Bissau : Sanha vote Chine

Origem do documento: www.africatime.com, 16 Out 2009
(Les Afriques 16/10/2009)


Le nouveau président Malam Bacai Sanha vote pour la Chine. « Je crois qu’aujourd’hui, il est impératif pour la Guinée-Bissau d’avoir comme premier partenaire la République populaire de Chine », a-t-il déclaré dans une interview à l’agence chinoise Xinhua.

L’offensive de charme chinoise en direction de la Guinée-Bissau a porté ses fruits. Investi le 8 septembre, le nouveau président a reçu dès le 10 septembre l’ambassadeur de Chine à Bissau, Yan Banghua, puis accordé une interview exclusive à l’agence de presse gouvernementale chinoise Xinhua dès le 11 septembre, avant de recevoir le vice-ministre chinois des Affaires étrangères, arrivé le 13 septembre à Bissau pour une visite officielle de deux jours.

Dans un long entretien avec l’agence chinoise, Sanha a d’abord rappelé les liens étroits qui ont existé entre les deux pays alors que le Parti africain de l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC) préparait la guerre de libération nationale qu’il allait déclencher en 1963. « C’est une relation qui date des années 1960 et qui se poursuit jusqu’à aujourd’hui. La Chine a été le premier pays à nous aider dans notre lutte pour la libération nationale. Elle a formé nos premiers cadres, notamment lorsque Amical Cabral était là-bas... La Chine a toujours été aux côtés du peuple de la Guinée-Bissau et a toujours aidé notre pays. »

Sanha est décidé à renvoyer l’ascenseur, mais pas seulement. « Je crois qu’aujourd’hui, il est impératif pour la Guinée-Bissau d’avoir comme premier partenaire la République populaire de Chine, afin de préserver nos liens d’amitié. Pour moi, la Chine occupera la première place dans ma priorité en tant qu’Etat avec qui on va œuvrer pour fructifier et renforcer la coopération en faveur du développement de la Guinée-Bissau. »

Disponibilité

Il ne s’agit toutefois pas que de reconnaissance. La Guinée-Bissau entend tirer parti de la disponibilité de la Chine envers l’Afrique, où elle investit tous azimuts.

La visite du vice-ministre chinois des Affaires étrangères, Zhai Jun, a été l’occasion de la signature le 21 septembre de trois accords sur la coopération technique, d’un appui alimentaire et d’une aide financière pour une valeur totale d’environ 6 millions d’euros.

Le vice-ministre a également annoncé que son pays allait réhabiliter l’ancien palais présidentiel détruit en 1998 pour un coût de 10 millions de dollars.

La Chine était déjà active dans l’assistance à la Guinée-Bissau. Elle reconstruit le Palais du gouvernement et l’hôpital militaire.

Un grand projet agricole se réalise dans la région de Gabu, à 200 km de Bissau. « Nous sommes un pays agricole, nous avons besoin de l’aide et de l’expérience d’autres peuples, notamment celles du peuple chinois qui a maintenant une technologie très avancée », a expliqué le nouveau président.

Dans le domaine de la santé, l’hôpital régional de Kangngoukou a été construit par la Chine. Le Palais de la Justice est également l’œuvre de Pékin.



Contrepartie

Qu’est-ce que la Chine peut bien attendre du troisième pays le plus pauvre au monde, 0,35 à l’indicateur de développement humain ? Petit pays de 36 120 km² pour 1 503 182 habitants qui doit consacrer la moitié de son budget au règlement des salaires des fonctionnaires, dont la moitié pour les seuls militaires. Qui plus est d’une très grande instabilité politique. Depuis la première élection présidentielle pluraliste en 1994, aucun président élu n’a pu terminer son mandat.

L’appui diplomatique d’abord. Bissau avait établi des relations diplomatiques avec Taïwan en 1990 et rompu en conséquence avec la Chine avant de renouer avec Pékin en 1998. « Je défends un principe, celui d’une Chine unique et inséparable. Je souhaite que Taiwan revienne à la partie continentale de la Chine… Je pense aussi au problème du Tibet, dont certains profitent pour faire du business. Il faut que tout le monde soutienne le gouvernement chinois pour que ce problème prenne fin... Je défends la Chine et je l’accompagne dans tous ces combats », a soutenu Sanha avec force.

Le pays occupe aussi une position stratégique. Frontalier du Sénégal et de la Guinée très riches en ressources minières. Elle-même n’en a pas beaucoup. Elle tire 60 millions d’euros, soit 60% de ses recettes d’exportation, de la noix de cajou dont elle le 6e producteur mondial avec 120 000 tonnes.

Les autres ressources, bauxite, bois, pétrole, phosphates, n’ont encore intéressé aucun investisseur. A l’exception du poisson, qui fait l’objet d’un accord de pêche avec l’Union européenne. Mais la Chine sait aller où nul autre investisseur ne va et toutes les ressources sont bonnes à prendre partout dans le monde. En Guinée-Bissau, il lui faudra batailler avec les narcotrafiquants qui ont fait main basse sur le pays.

La prochaine visite de Malam Bacai Sanha en Chine, « dans quelques mois, permettra de consolider les relations entre les deux pays ».

CES

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