quinta-feira, abril 02, 2009

L’instabilité prive les populations d’eau salubre

Origem do documento: www.irinnews.org, 02 Abr 2009


BISSAU, 2 avril 2009 (IRIN) - Avec 80 pour cent de l’eau de la capitale bissau-guinéenne contaminée par des bactéries nocives, les habitants sont habitués aux épidémies de choléra et autres maladies diarrhéiques mortelles, mais les bailleurs ne pourront financer d’importants projets de construction d’infrastructures que si la stabilité du pays peut être garantie, disent-ils.

La dernière épidémie de choléra, dont le gouvernement a déclaré la fin au début du mois de février 2009, a fait 225 morts et touché quelque 14 000 personnes, la plupart à Bissau, la capitale. Si la gravité des dernières épidémies a incité certains bailleurs à investir davantage malgré l’incertitude politique qui subsiste, la plupart d’entre eux restent réticents.

L’instabilité politique, marquée par les coups et contre-coups d’Etat, et les assassinats politiques, contribue à empêcher l’Etat de pouvoir assurer les services les plus essentiels, dans l’ensemble du pays.

« Le pays est touché par une instabilité continuelle », a déclaré Silvia Luciani, directrice du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) en Guinée-Bissau. « Cela ne permet pas de mettre en place des systèmes d’infrastructures à grande échelle. Pour attirer les gros bailleurs, il faut pouvoir garantir une longue période de stabilité… On ne peut pas installer des canalisations d’eau en un mois ».

Les maladies diarrhéiques comptent parmi les principales causes de mortalité et de morbidité infantiles en Guinée-Bissau, pays qui affiche le cinquième taux de mortalité infantile le plus élevé du monde, puisque près d’un enfant sur cinq y meurt avant l’âge de cinq ans.

La plupart des familles de la capitale puisent leur eau dans des puits de surface qu’elles creusent elles-mêmes, souvent dangereusement près des latrines, et la croissance démographique observée dans la capitale ne fait qu’aggraver cette situation, a expliqué Mme Luciani à IRIN.

Selon Bernardino dos Santos, directeur du Centre régional pour l’eau et l’assainissement à faible coût (CREPA), une association spécialisée dans le domaine de l’eau, 80 pour cent des puits de la ville sont contaminés par des bactéries nocives.

« Aujourd’hui, on n’a presque jamais d’eau pendant la journée », a rapporté Antonio Goia, qui habite le quartier de Caracol, dans le sud-ouest de Bissau. « Pour nous laver, il faut aller chercher de l’eau au puits, et pour boire, c’est difficile de trouver de l’eau potable ».

Pas d’électricité, de salaires, de téléphones

Le problème réside dans la pauvreté du gouvernement, estiment les bailleurs. Les exportations de noix de cajou et les droits de pêche composent la majeure partie des revenus de l’Etat, ce qui ne suffit pas à couvrir les salaires des fonctionnaires, et encore moins à financer la construction de nouvelles infrastructures.

Les bailleurs internationaux couvrent la plupart des salaires des fonctionnaires bissau-guinéens, a expliqué à IRIN Antongiulio Marin, directeur des infrastructures de la Commission européenne.

Des systèmes de facturation de l’eau et de l’électricité ont été mis en place, mais ils ne fonctionnent pas correctement, selon Cesario Sa, directeur des Services d’eau et d’électricité (EAGB) de Bissau. « Dans bien des cas, nous ne sommes pas en mesure de percevoir les recettes de l’approvisionnement en eau, faute de ressources financières ou de capacités ».

En raison de ce manque de capacités, alimenté par une instabilité politique persistante, il est très difficile d’aider les ministères à grande échelle, d’après les bailleurs. Ainsi, certains bailleurs, tels que la Commission européenne, se sont vus contraints d’adopter une approche au cas par cas pour le financement des projets menés dans le domaine de l’approvisionnement en eau, selon M. Marin.

« Si vous allez au ministère de l’Energie et des ressources naturelles [qui gère l’approvisionnement en eau], vous allez voir qu’il n’y a que peu, voire pas d’équipements du tout, et que les fonctionnaires sont démotivés et payés au lance-pierre ; ils n’ont pas de téléphones, pas d’ordinateurs, ni d’électricité ; ils sont peu instruits et à peine formés ; et ils n’ont guère d’expertise en matière de gestion », a ajouté M. Marin.

Lorsque les bailleurs s’investissent, a-t-il poursuivi, ils doivent assumer l’ensemble des frais occasionnés, jusqu’aux frais de transport des fonctionnaires.

La Commission européenne travaille, de concert avec les organisations non-gouvernementales (ONG) Médicos del Mundo et la Croix-Rouge espagnole, à la construction de points d’eau et de pompes à eau à énergie solaire dans les agglomérations de Bafat et Biombo, à 80 et 25 kilomètres de la capitale, respectivement ; les organismes soutiennent également les comités de gestion de l’eau des communautés rurales.

Mais les deux épidémies de choléra graves qui se sont déclarées en quatre ans ont poussé les bailleurs à augmenter leurs investissements dans les infrastructures hydrauliques. La Commission européenne vient d’approuver un projet d’un budget de 3,9 millions de dollars, visant à renforcer les capacités du ministère de l’Energie et des ressources naturelles dans le domaine de la gestion de l’eau, ainsi que l’octroi de la somme de 3,9 millions de dollars, pour continuer d’aider à la bonne gestion de l’eau en milieu rural.

La Banque mondiale est sur le point de commencer à construire des réservoirs d’eau à Bissau, et d’installer 24 kilomètres de canalisations d’eau, pour un coût de près de six millions de dollars, selon Joao Antonio da Silva, assistant technique aux EAGB, qui collaborent avec la Banque mondiale. La construction de deux réservoirs pour les populations de Luanda et Bairro de Ajuda, en périphérie de la capitale, vient d’être achevée, a-t-il également indiqué.

Parallèlement, les organisations non-gouvernementales et les organisations humanitaires, dont le CREPA, Médicos del Mundo et l’UNICEF, continuent de combler certaines lacunes en matière d’approvisionnement en eau dans le pays, en creusant des puits couverts, des pompes à eau et des latrines dans les écoles et les villages.

« Il y a une volonté d’améliorer l’eau et l’assainissement », s’est félicitée Mme Luciani de l’UNICEF. « Si la situation reste calme, des interventions de ce type pourront être entreprises ».

Pour Jose Antonio Borges, un habitant de Bissau, la population ne peut plus se permettre d’attendre. « La Guinée-Bissau est confrontée à une crise électrique depuis 1998. Mais cette année, c’est la crise hydrique qui est la plus grave car elle touche tout le monde dans le pays… On peut accepter la crise énergétique, mais sans eau, on ne peut pas vivre ».



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