quarta-feira, março 04, 2009

Les larmes de crocodile de l’UA

Origem do documento: www.africatime.com, 04 Mar 2009
(Le Pays 04/03/2009)


Avec l’horrible assassinat d’un chef d’Etat, démocratiquement élu, en plus, les hommes en treillis se seront, une fois de plus, illustrés, de la plus tragique des manières, sur le continent africain. Ce n’est, hélas, pas la première fois qu’on assiste à pareille tragédie, mais une fois encore , on en déplore la barbarie. Preuve, s’il en fallait encore qu’en Afrique, plus on cherche d’armées républicaines, et moins on en trouve. Une fois de plus, des conflits, au haut sommet de l’Etat, se seront résolus dans le sang. La solution par les armes est toujours la résultante d’un échec de la raison. Et on déplore aujourd’hui les deux assassinats en Guinée-Bissau : autant celle du chef d’état-major de l’armée que celle du président Vieira. Mais, lueur d’espoir peut-être pour le pays qui doit survivre à ces ennemis disparus : le commandant de l’armée a promis de respecter les institutions démocratiques. On a obligation de le prendre au mot. Car une attitude républicaine de la grande muette, si elle ne fait pas revenir à la vie les trépassés, donne espoir quant à la suite des évènements et fait croire que tout n’est pas perdu pour une Guinée-Bissau, fort traumatisée par ce qu’elle vient de vivre. Si les militaires tiennent parole, cela signifie que la direction de l’Etat désormais vacante sera assurée sous forme de transition par le président de l’Assemblée nationale et devra aboutir, au plus tard dans deux mois, à l’élection d’un nouveau président de la république. On aurait sans doute souhaité plus et mieux pour ce pays indépendant depuis 1974 mais qui connaît des turbulences sérieuses générées par des guerres de clans ainsi que des luttes d’influences de géants cartels de la drogue qui ont fini par produire les drames que l’on sait. Et c’est sans doute la raison pour laquelle l’armée doit s’appliquer à faire ce qu’elle a promis. Sinon, on en sera toujours à court ou moyen terme, à d’autres amertumes, à d’autres regrets. Car, au-delà des dissenssions, clivages et autres rivalités au sommet de l’Etat, une armée républicaine doit s’astreindre à ses propres obligations, son devoir d’Etat. Il faut espérer que dans le cas précis de la Guinée-Bissau, cela puisse se faire. Si cela ne la lave pas entièrement du forfait commis, au moins, elle aura réussi un nouveau démarrage pour un pays entier qui, en ce moment ne vit que d’espoir:il faut savoir sauver ce qui peut l’être encore. Sauver ce qui peut l’être encore est sans doute l’oeuvre à laquelle s’attache l’Union africaine dont le Conseil de paix et de sécurité est en session depuis ce mardi à Addis Abeba, dans le but de statuer sur la situation qui prévaut en Guinée-Bissau. On le devinait, les différents ambassadeurs des pays de l’UA, réunis à huis clos, ont discuté de mesures à prendre, pour "accompagner" le pays dans sa transition. On se rappelle les cas de la Mauritanie et de la Guinée en 2008. Comme d’habitude. A la différence que cette fois-ci, l’UA ne parle pas de coup d’Etat et donc n’envisage pas de suspension, encore mons de sanctions. Mais, au final, on se demande, et à juste titre, de quelle utilité sont toutes ces mesures qui, jusqu’à présent n’ont fait preuve que d’une inefficacité redoutable et dangereuse, tout comme on se demande si les différentes instances africaines, ne se comportent pas à la manière de mauvais pompiers qui se pressent sur les lieux du sinistre après que l’incendie a eu lieu. Jean Ping, président de la commission de l’UA, a qualifié les derniers évènements survenus en Guinée-Bissau d’actes "odieux et lâches". Et d’ajouter qu’il a "pris contact avec les dirigeants de la région pour étudier le meilleur moyen de faire face à la situation". Que de zèle, que d’empressement, que de dévouement. Cependant, au final qu’est-ce que cela produira ? Ibn Chambas, le secrétaire exécutif de la CEDEAO affirme, lui, tout court, que "c’est la démocratie qu’on assassine". Tout cela est bien beau, bien vrai, mais sans doute aussi d’une inefficace inutilité car n’intervenant qu’après que l’irréparable a été commis. Des larmes de crocodile, en somme : les morts sont morts, ce qui a été fait l’a été, et, bien plus, le pays tout entier est en danger. Et on est en droit de se demander si l’UA, ainsi que les autres instances africaines ne gagneraient pas à changer de stratégie. Les mesures jusque-là appliquées n’ayant généré que les échecs et les limites que l’on sait, ne serait-il pas plus raisonnable d’essayer des méthodes d’une autre gamme ? Plus coercitives, par exemple ? On se le rappelle, le président Vieira, de son vivant, lorsqu’il se sentit en danger, demanda la protection de la CEDEAO. Jusqu’à sa mort, elle ne lui fut pas accordée. Pourquoi ? Mystère et boule de gomme. A présent, on se le demandera sans doute toujours. C’est bien connu, il est plus facile de diagnostiquer que de pronostiquer. Mais il est certain aussi qu’une nouvelle vision de la philosophie de l’UA se fera si et seulement si les gouvernants des Etats qui la composent s’en convainquent au préalable. Cependant à l’heure actuelle, bon nombre de ces derniers ont sans doute quelque problème de conscience dans le domaine de la bonne gouvernance, dans celui de la longévité indécente au pouvoir et c’est là le véritable agent inhibiteur qui paralyse, bloque et fait que ça coïnce. Mais, il faut se le dire, l’Afrique est condamnée à trouver une porte de sortie pour se réaliser, sinon sa population en sera toujours à devoir se défendre, seule, à moins qu’elle ne se résigne à se satisfaire des larmes de crocodile et autres discours dithyrambiques mais qui interviennent fort malheureusement post mortem. Un choix est à faire. Il doit être obligatoirement le bon.


"Le Pays"



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