terça-feira, março 03, 2009

Guinée-Bissau : le meurtre du président plonge le pays dans le doute

Origem do documento: jornal "Le Monde", Paris, 03 Mar 2009


Après la mort du président de Guinée-Bissau, Joao Bernardo Vieira, tué par des militaires lundi 2 mars, à Bissau, quelques heures après l'assassinat du chef d'état-major de l'armée, le petit pays de l'Afrique de l'Ouest, déjà fragilisé par le trafic de drogue, a plongé dans la confusion.

Dans la soirée de lundi, un important dispositif militaire a été déployé autour de plusieurs points stratégiques de la ville. Face aux condamnations et aux appels au calme de la communauté internationale, l'armée bissau-guinéenne a affirmé qu'il ne s'agissait pas d'un coup d'Etat et qu'elle respecterait "l'ordre constitutionnel".
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A l'issue d'une réunion extraordinaire à Addis Abeba, le Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine (UA) a estimé, lui aussi, qu'il ne s'agit pas "au stade actuel" d'un coup d'Etat. Même son de cloche du côté de la Communauté des pays de langue portugaise. L'UA a annoncé, mardi, qu'elle dépêchera bientôt un représentant spécial en Guinée-Bissau, sans préciser son identité ni sa date d'arrivée.

"LE PRÉSIDENT DE L'ASSEMBLÉE NATIONALE ASSURE LA TRANSITION"

Le principal porte-parole de l'armée est resté, lundi, assez confus. "Le président Vieira a été tué par l'armée au moment où il tentait de fuir sa maison attaquée par un groupe de militaires proches du chef d'état-major Tagmé Na Waié", a d'abord déclaré le capitaine de frégate José Zamora Induta, accusant Vieira d'avoir été "l'un des principaux responsables de la mort de Tagmé". Il est ensuite revenu sur ses déclarations : "Nous n'accepterons pas que des gens interprètent cela comme un coup d'Etat. Ce n'est pas un coup d'Etat, je le répète", a-t-il insisté. "Le président a été tué par un groupe de gens que nous ne connaissons pas."

"En ce moment, l'ordre constitutionnel est respecté avec une transition assurée par le président de l'Assemblée nationale", a déclaré, lundi, le secrétaire d'Etat portugais aux affaires étrangères. Les députés ont voté, mardi, l'application de la Constitution, selon laquelle le président de l'Assemblée assure l'intérim et doit organiser une élection présidentielle dans les soixante jours.

Le gouvernement a décrété un deuil de sept jours et demandé au parquet de "former une commission d'enquête" sur ces décès. Ces derniers mois, le chef des armées et le président nourrissaient une profonde défiance réciproque. Début janvier, le premier avait affirmé avoir échappé à une tentative d'assassinat accusant le clan présidentiel d'avoir voulu le "liquider".

RENFORCEMENT DES TROUPES À LA FRONTIÈRE SÉNÉGALAISE

La situation en Guinée-Bissau inquiète au Sénégal voisin. Pour Le Quotidien, il s'agit d'une "quasi-guerre civile" vraisemblablement orchestré par la Gambie : "Il se dit, en effet, que ce sont les mutins qui avaient échoué à prendre le pouvoir en novembre de l’année dernière et, réfugiés depuis au pays de Yaya Jammeh (le président gambien), qui seraient revenus ce week-end pour, en quelque sorte, finir le 'travail inachevé'." "Il semble également plausible que cet accès de violence soit la traduction armée de considérations liées au très juteux trafic de drogue", ajoute le journal sénégalais.

D'après cette même source, "le président sénégalais Abdoulaye Wade a déjà donné l'ordre à l'armée de renforcer ses troupes à la frontière, en bouclant tous les accès possibles au territoire national." Les deux généraux assassinés étaient de proches alliés de Dakar. Leur disparition "est un gros coup dur pour la stratégie sénégalaise de lutte, à la fois, contre l'irrédentisme casamançais [animé par le Mouvement des forces démocratiques de la Casamance, qui avait lancé une rébellion indépendantiste en 1982] et contre la toute-puissance des cartels qui tiennent le commerce de la drogue", précise Le Quotidien. Chaque jour, une tonne de cocaïne transiterait par la Guinée-Bissau, en provenance du pôle colombien de Medellin.



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