segunda-feira, dezembro 01, 2008

Une instabilité qui pourrait être contagieuse

Origem do documento: www.africatime.com, 01 Dez 2008
(Courrier International 01/12/2008)


La tentative de putsch militaire a engendré l'inquiétude en Casamance. Car les liens culturels et historiques avec le voisin du nord y sont très forts.

Le 23 novembre, le sommeil des Sénégalais vivant dans le sud du pays a été brutalement interrompu par la nouvelle de la tentative de mutinerie en Guinée-Bissau. Les raisons de leur inquiétude sont d'ordre historique, géographique, culturel et affectif. Voilà pourquoi la Casamance ne peut pas rester insensible à ce qui se passe au pays de Nino Vieira. Pendant la guerre de libération par exemple, elle a constitué une base de repli pour les combattants indépendantistes du Parti africain pour l'indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC) dans leur combat contre les Portugais. De cette réalité historique est née une relation affective entre les populations du Sud et les Bissau-Guinéens. En 1998, lors de la mutinerie déclenchée par le général Ansoumana Mané, c'est pratiquement toute la Casamance qui avait tremblé, car elle était au cœur de la crise, notamment en raison de l'irruption de rebelles casamançais dans le conflit aux côtés du général mutin. Salif Sadio était à la tête des combattants du Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (MFDC). Pendant toute la crise, il avait été le principal conseiller militaire d'Ansoumana Mané. Une situation qui a fait naître une fraternité d'armes et une solidarité militaire qui seront plus tard transposées sur le théâtre casamançais. Ce sont là quelques-uns des exemples qui montrent l'existence de liens entre la Guinée-Bissau et le sud du Sénégal.

Aujourd'hui encore, cette situation fait craindre un débordement de la tension née il y a quelques jours à Bissau. Cette instabilité récurrente trouve en partie son explication dans l'échec de la réforme de l'armée bissau-guinéenne, estime Nouha Cissé, proviseur du lycée Djignabo. Pour cet observateur averti, la démobilisation avortée, faute de moyens suffisants, renforce la logique militariste et le culte de l'ancien combattant. A cela s'ajoute la frustration de certaines communautés ethniques qui ne trouvent pas satisfaction dans la gestion du pays. Toutes ces choses placent la Guinée-Bissau sur des braises. La mutinerie du 23 novembre vient en tout cas rappeler la fragilité de la jeune démocratie qui s'est pourtant exprimée, il y a une dizaine de jours, lors des élections législatives. Sans trop s'appesantir sur les motifs réels des mutins qui ont attaqué la résidence du président Nino Vieira, les populations ziguinchoroises vivent dans l'inquiétude d'un regain de violence dans ce pays politiquement instable. Car, de toute façon, la Casamance est sensible au moindre bruit de botte, fût-il produit de l'autre côté de la frontière.

Les autorités sénégalaises ne pouvaient pas rester impassibles après ces événements. C'est tout le sens de l'appel lancé par le président Abdoulaye Wade pour que les mutins reprennent le chemin de leurs casernes. Si cela ne dépendait que de Nouha Cissé, l'initiative du chef de l'Etat devrait être appuyée pour ramener le calme en Guinée-Bissau. La paix en Casamance est à ce prix, car la crise dans cette région trouve sa solution en Guinée-Bissau et en Gambie. Ce constat est d'ailleurs partagé par les populations du Sud, qui suivent avec attention l'évolution de la situation, non sans souhaiter que tout rentre rapidement dans l'ordre pour éviter que soient réunies les conditions d'une recrudescence de la violence à la frontière.

Mamadou Papo Mane
Wal Fadjri



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