terça-feira, abril 24, 2007

Sanha: «Il ne peut pas y avoir de stabilité en Guinée-Bissau, s’il n’y a pas de stabilité au Sénégal»

Origem do documento: www.africatime.com, 24 Abr 2007

MALANG BACAY SANHA, PATRON DE L’OPPOSITION BISSAU-GUINEENNE : «Il ne peut pas y avoir de stabilité en Guinée-Bissau, s’il n’y a pas de stabilité au Sénégal».
(Sud Quotidien 24/04/2007)

Le chef de l’opposition Bissau-guinéenne, Malang Bacay Sanha, a décidé de faire du règlement de la crise Casamançaise sa priorité, une fois élu à la magistrature suprême de son pays. Car, il demeure convaincu qu « il ne peut pas y avoir de stabilité en Guinée-Bissau, s’il n’y a pas de stabilité au Sénégal », notamment dans sa région Sud, qu’est la Casamance. Par ailleurs, le candidat malheureux à la dernière élection présidentielle a lancé un appel à toute la communauté internationale, notamment la Communauté économique des états de l’Afrique de l’ouest (Cedeao) pour venir en aide économique à son pays qui comptabilise plusieurs mois d’arriérés de salaires. Entretien au lendemain de la formation du nouveau gouvernement Bissau-guinéen qui regroupe les trois principaux partis du pays.

Pouvez-vous nous faire le point sur la situation politique en Guinée-Bissau au lendemain de la nomination d’un Premier ministre issu de l’opposition ?

Je puis vous dire que la Guinée-Bissau est à l’heure du renforcement de la démocratie et du dialogue. Il est indéniable qu’il y a la crise, une situation difficile, mais le président de la République, Nino Viera et les partis politiques sont tombés d’accord pour signer un pacte pour la stabilisation du pays. Je suis très content que le président de la République ait pris la décision de réunir la classe politique autour de lui pour dialoguer et former un gouvernement d’union nationale. Il faut préciser que cet attelage gouvernemental est le résultat du dernier scrutin. De toutes les façons, pour moi, le plus important, c’est l’esprit de dialogue qui a prévalu. Je crois que ce gouvernement peut créer les conditions d’une stabilité dans le pays puisqu’il est le fruit d’un accord entre les trois grandes formations politiques. Cela me donne l’assurance qu’il va constituer une base très solide pour la stabilité du pays. C’est quelque chose de politiquement positif. J’avais proposé, par le passé, au Président Viera, un gouvernement qui allait rassembler toutes les forces vives de Guinée-Bissau, mais il avait estimé que c’était très prématuré de faire tomber le gouvernement qu’il avait formé après la succession. Cette fois-ci, il a compris que j’avais raison.

Vous parlez des difficultés économiques du pays, avec plusieurs mois sans salaires. Y a-t-il des solutions en vue pour les résoudre ?

C’est vrai que le pays a réussi la prouesse de former un gouvernement qui rassemble l’essentiel de la classe politique. Mais une chose est d’avoir réussi à mettre en place un gouvernement qui rassemble tous les trois grands partis politiques du pays, une autre est d’avoir les moyens financiers de gouverner. Car nul n’ignore les difficultés économiques que traverse le pays. C’est pourquoi je lance un appel à toute la communauté internationale, en particulier la Cedeao, pour donner les moyens à la Guinée-Bissau. La précédente campagne de la noix d’acajou, principale ressource du pays, s’est très mal passée. Il y a une nouvelle campagne qui s’est ouverte, mais elle demande aussi des moyens, puisque les banques doivent donner l’argent pour financer cette campagne. Je lance un appel à la communauté internationale pour donner les moyens à la Guinée-Bissau aux fins de créer les conditions d’une stabilité dans le pays et dans la sous-région. Si la vie devient insupportable en Guinée-Bissau, il va de soi que les populations vont aller dans les pays voisins pour survivre. D’où l’appel que je lance à toute la communauté internationale pour consolider ce gouvernement qui doit travailler dans des conditions de stabilité. Il ne faut pas non plus oublier que nous sommes à quelques encablures des élections législatives qui vont se tenir en 2008. Et tout cela a besoin de stabilité.

La formation d’un gouvernement presque de consensus national, est-elle une condition suffisante pour créer les conditions d’une stabilité en Guinée-Bissau ?

Je suis convaincu que le présent gouvernement fera l’affaire. Ce n’est pas seulement de part sa composition, mais sa base politique. C’est presqu’un gouvernement de consensus national. On est au mois d’avril, je vous informe que les fonctionnaires ne sont pas payés depuis décembre 2006. Aucun gouvernement ne peut travailler tranquillement dans un pays où il y a des retards de plusieurs mois de non paiement des salaires.

Peut-on alors savoir quelles sont les priorités du nouveau gouvernement ?

Pour l’heure, je ne peux pas trop m’avancer, puisqu’il vient juste d’être mis en place. Il n’y a pas de programme officiel pour l’heure. Mais j’ai écouté le discours du Premier ministre qui a dégagé ses priorités parmi lesquelles on peu noter : l’assainissement des finances publiques avec la concentration de toutes les recettes de l’Etat dans les caisses de l’Etat, la lutte contre la corruption et le trafic de drogue, la relance de l’économie nationale. Voilà les quelques priorités qu’il a dégagées.

L’un des problèmes de la Guinée-Bissau, c’est l’armée qui est à l’origine de coups d’Etat. Est-ce que, cette fois-ci, on peut espérer qu’elle reste dans les casernes ?

Je rappelle que le pacte auquel j’ai fait allusion engage la classe politique dans sa majorité, puisqu’il porte la signature des trois plus grandes formations politiques de la Guinée-Bissau. Je crois que si la classe politique prend ses responsabilités, en privilégiant le dialogue et la concertation comme moyen de règlement des crises, l’armée ne viendra pas s’immiscer dans ses affaires, puisque sa place est dans les casernes. Alors si les hommes politiques laissent le vide, du fait des crises générées par une absence de dialogue, ils donneront hélas, l’opportunité à l’armée de faire irruption dans le champ politique pour maintenir l’ordre. Nous le savons, la nature a horreur du vide. Le problème de la Guinée est que, quand il y a crise, la classe politique n’accorde pas trop de place au dialogue et à la concertation. Résultat des courses, les militaires sortent des casernes pour prendre les choses en main. C’est pourquoi, le pacte signé par les trois grands partis est une excellente chose. Car, cela signifie que petit à petit que la classe politique a commencé à prendre ses responsabilités. Et que, de son côté, l’armée qui est républicaine a vocation à rester dans les casernes pour laisser aux hommes politiques la gestion de la cité.

Quels types de rapports vous entretenez avec le Président Nino Viera ?

J’ai de très bons rapports avec lui. Certes c’est un adversaire politique, mais aujourd’hui il est président de la République de Guinée-Bissau, mon pays. Chaque fois que je vais à Bissau, je rencontre le Président, on discute des problèmes du pays. C’était le cas le 15 mars dernier, quand j’étais à Bissau. Je lui avais même suggéré de discuter avec les partis politiques autour de la question des salaires. Il m’a écouté. Tout ceci pour vous dire que nous n’avons pas de problèmes, même si l’on reste des adversaires politiques. Nous ne sommes pas des ennemis. La Guinée-Bissau est notre pays. L’intérêt de la Guinée-Bissau est ma seule et unique préoccupation. Et c’est cet intérêt que je mets en avant, au détriment de mon intérêt personnel. Mais toujours, avec l’objectif que je serai Président. Le prochain président de la République s’appellera Malang Bacay Sanha. Je l’ai dit clairement au Président Nino Viera. Toutefois, mon avenir politique passe par le Paigc, mon parti, qui sera, selon toute vraisemblance en congrès le 25 mai prochain. Je suis l’un des candidats, premièrement pour gagner les élections législatives, avec une majorité très confortable. Et deuxièmement, sortir vainqueur de la prochaine élection présidentielle.

Que faut-il faire pour renforcer les relations entre le Sénégal et la Guinée-Bissau ?

On doit faire beaucoup de choses. Il ne s’agit pas seulement de relations politico-diplomatiques. En matière diplomatique, il faut le préciser, les choses ne se passent pas comme on l’aurait souhaité. Les relations entre pays dans le cadre de l’intégration, c’est aussi dans le domaine du développement. Beaucoup de Sénégalais se sont implantés en Guinée-Bissau. C’est le cas aussi pour de nombreux Bissau-guinéens au Sénégal. Ce ne sont pas seulement les liens géographiques ou historiques qui lient les deux pays qu’il faut toujours privilégier, il y a aussi la place de l’économie. Les échanges commerciaux doivent être privilégiés de manière à aider la Guinée-Bissau à réaliser son objectif.

La Guinée-Bissau a toujours constitué de base arrière à la rébellion Casamançaise. Une fois au pouvoir, qu’est-ce que vous comptez faire pour trouver une solution à ce conflit qui dure depuis plus de deux décennies ?

Vous parlez de base arrière, cela fait partie maintenant de l’histoire. Vous devez peut-être parler de la guerre entre l’armée Bissau-Guinéenne et les rebelles casamançais. Cela prouve qu’il ne peut pas y avoir de stabilité en Guinée-Bissau, s’il n’y a pas de stabilité au Sénégal. Et la stabilité de la Casamance est une condition pour une stabilité en Guinée-Bissau. J’espère que le problème de la Casamance sera complètement résolu, avant mon accession au pouvoir. Le problème est presque résolu. Je souhaite qu’on va parler d’autres choses, notamment des questions de développement entre les deux pays. Mais si la crise ou le conflit persiste, j’ai décidé d’en faire ma priorité. Les rebelles ont politiquement défini la frontière entre la Casamance et le Sénégal, mais ils n’ont pas encore délimité de frontière entre la Casamance et la Guinée-Bissau. C’est le même groupe ethnique qui habite jusqu’au niveau du fleuve Cathieu, en Guinée-Bissau. Qui peut m’assurer que les rebelles n’ont pas l’ambition d’arriver jusqu’en territoire guinéen. Personne. Tout ceci pour dire que le problème de la Casamance est avant tout un problème de la Guinée-Bissau. Les autorités de nos pays doivent s’engager pour trouver une solution à ce conflit, au nom de la stabilité de notre sous-région.

Exergues

3/« Qui peut m’assurer que les rebelles casamançais n’ont pas l’ambition d’arriver jusqu’en territoire guinéen. Personne. »

2 / Les échanges commerciaux doivent être privilégiés entre la Guinée-Bissau et le Sénégal »

1 / La classe politique guinéenne doit prendre ses responsabilités pour que l’armée ne vienne pas s’immiscer dans ses affaires ».


Bacary Domingo MANE

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