quinta-feira, novembro 16, 2006

Les mirages du pétrole

Origem do documento: www.africatime.com, 16 Nov 2006
(Courrier International 15/11/2006)

"En août dernier, la Guinée-Bissau a signé avec le Brésil un accord d'exploitation de ses réserves pétrolières. Mais, courant octobre, l'Union mondiale pour la nature et ses partenaires du Programme régional de conservation marine et côtière ont invité, à l'occasion d'un atelier à Bissau, les autorités et la société civile bissau-guinéennes à examiner les risques liés à l'exploitation du pétrole", rapporte Le Messager.

En effet, les réserves pétrolières découvertes dans ce pays sont essentiellement localisées dans ses eaux territoriales au large des côtes et à proximité immédiate de l'archipel des Bijagós. "Cet archipel est réputé pour son exceptionnelle biodiversité et, en particulier, pour ses tortues marines. Classé "réserve mondiale de la biosphère" par l'UNESCO, ce site est constitué de 88 îles et îlots, dont 23 sont habités. Couvert de mangroves, le littoral est extrêmement sensible à toute pollution. Sans parler de l'importance vitale des ressources halieutiques et de la pêche dans l'ensemble de la région", rappelle le quotidien camerounais.

Les autorités locales estiment la capacité de production de ses réserves à 120 000 tonnes de brut par an (2 400 barils/jour), soit à peine l'équivalent de la consommation intérieure du pays en 2003, précise le journal. Par ailleurs, il s'agit de pétrole lourd situé à des profondeurs considérables dont l'exploitation nécessite des technologies sophistiquées et coûteuses. De plus, poursuit Le Messager, pour exploiter une partie des réserves situées dans une zone maritime frontalière avec le Sénégal, il faudra que la Guinée-Bissau s'entende avec son voisin. Mais, malgré toutes ses difficultés, à Bissau, le pétrole revient dans toutes les conversations. Dans ce petit pays pauvre de 1 million et demi d'habitants, la promesse de l'or noir et de ses retombées ne peuvent que faire rêver.

Les mirages du pétrole

Ce petit pays pauvre ouest-africain, se surprend à rêver depuis la découverte de pétrole dans ses mers. Mais les perspectives sont pour l'heure très limitées et les obstacles nombreux. Les retombées de l'or noir ne devraient donc pas se faire sentir de si tôt…

Du pétrole oui, mais pas à n'importe quel prix ! Courant octobre, l’Union mondiale pour la nature (Uicn) et ses partenaires du Programme régional de conservation marine et côtière (Prcm) ont invité, lors d'un atelier à Bissau, les autorités et la société civile bissau-guinéenne à examiner les risques liés à l'exploitation du pétrole.
En août dernier, un accord d'exploitation a été signé avec le Brésil. Les autorités estiment la capacité de production de ces réserves à 120 000 tonnes de brut par an (2 400 barils/jour), soit mille fois moins que le Nigeria, premier producteur africain d'or noir, et à peine l'équivalent de la consommation intérieure du pays en 2003... Les perspectives sont donc pour le moment bien modestes, mais elles suscitent déjà une grande inquiétude chez les défenseurs de l'environnement.
Les réserves sont en effet essentiellement situées en mer, au large des côtes et à proximité immédiate de l'archipel des Bijagós, réputé pour son exceptionnelle biodiversité et ses tortues marines en particulier. Classé Réserve mondiale de la biosphère par l’Unesco, ce site est constitué de 88 îles et îlots dont 23 habités. Couvert de mangroves, le littoral est extrêmement sensible à toute pollution. Sans parler de l'importance vitale des ressources halieutiques et de la pêche dans toute la région...
Pour le moment, le pays n'a signé aucune des conventions de l'Organisation maritime internationale qui lui permettraient de prévenir les pollutions et d'obtenir de l'aide en cas d'accident. L'Assemblée nationale s'est cependant dernièrement engagée à ratifier "dès que possible" la Convention internationale sur le transport des produits pétroliers.

Autres réserves,
autres espoirs

"D’autres recherches sont en cours dans la zone maritime frontalière avec le Sénégal. Le gouvernement reste optimiste, car nous sommes sûrs que d’autres blocs existent au Nord", affirme le ministre de l’Énergie et des ressources naturelles, Aristides Ocante da Silva. Cinq blocs, pouvant produire jusqu’à 60 000 barils de brut par jour, auraient été identifiés dans cette zone maritime frontalière avec le Sénégal. Mais il s’agit de pétrole lourd situé à des profondeurs considérables, dont l'exploitation nécessite des technologies sophistiquées et coûteuses.
Pour espérer un jour exploiter ces réserves, il faudra que la Guinée-Bissau s'entende avec son voisin. Pas évident, puisque la prospection dans cette région a, depuis l’indépendance du pays en 1974, donné lieu à plusieurs litiges entre les deux pays. Les accords bilatéraux conclus en 1995 et en 2000 prévoient que le Sénégal bénéficie de 80 % de l’extraction du brut dans cette zone. Dans le meilleur des cas, seuls 20 % de cette manne profiteraient donc à la Guinée-Bissau.
Malgré tous ces bémols, la promesse d’or noir et de ces éventuelles retombées est un évènement important pour ce petit pays d’un million et demi d’habitants, classé 172e sur 177 en termes de développement humain, par le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud). "L’éducation reste la seule voie pour développer un pays dans lequel plus de la moitié de la population est analphabète", commente Baiolé Nacia, un professeur de mathématiques.

Prudence

À Bissau, le pétrole revient dans toutes les conversations. "J’ai espoir qu’il permettra de créer des emplois pour les jeunes", lance Djuldé Baldé. "Encore faut-il qu’il y ait une bonne gestion ! Sinon c’est la révolte et les conflits à n’en plus finir", nuance Pansau Mbundé, un autre étudiant de l’Université Amilcar Cabral.
Prudent, le gouvernement a l’intention d’effectuer, avant la fin de l’année, des études de viabilité économique et sociale des projets d’exploitation pétrolière. Plus qu'un véritable virage, une manière sans doute de dissiper les mirages…

Par Armando Lona et Emmanuel de Solère Stintzy (Syfia)
Le 14-11-2006 lemessager.net
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