quarta-feira, setembro 20, 2006

Un nouveau projet de loi pour interdire les MGF en Guinée Bissau

Origem do documento: www.africatime.com, 20 Set 2006
(IRIN 19/09/2006)

La pratique du fanado ou encore mutilation génitale féminine (MGF) pourrait bientôt devenir illégale en Guinée-Bissau suite à une nouvelle proposition de loi qui sera bientôt présentée au parlement.

Le fanado est une cérémonie d’initiation traditionnelle où l’on procède à l’ablation du clitoris et des petites lèvres du sexe des jeunes filles. La plupart des trente groupes ethniques du pays pratiquent le fanado, notamment toutes les communautés musulmanes (soit près de 46 pour cent de la population) et celles des régions de Gabu et Bafatà (est) en particulier.

A l’occasion de cette cérémonie, le corps des fillettes est recouvert de farine de riz ou de talc et les jeunes filles animistes, attirées par le son des tambours et les danses, vont parfois rejoindre les jeunes filles musulmanes pour se faire exciser elles aussi.

Selon l’UNICEF, près de 2000 jeunes filles se font exciser chaque année et entre 250 000 et 500 000 femmes souffrent des conséquences physiques et psychologiques de cette coutume.

La pratique de l’excision est transmise au sein des familles et bien des filles sont fières d’exhiber les couteaux déjà rouillés de leur mère. Mais étant donné les mauvaises conditions d’hygiène et l’ignorance des praticiennes, les risques de transmission du VIH/Sida sont élevés d’autant plus que ces dernières utilisent généralement le même couteau pour effectuer plusieurs excisions.

La loi prévoyant des amendes et des peines d’emprisonnement pour la pratique du fanado a été rédigée en 2001 par l’Institut pour la femme et l’enfant (IMC, de son acronyme portugais) en partenariat avec des associations de défense des droits de l’homme. Cette loi est actuellement présentée de nouveau devant l’Assemblée nationale.

« Sans vouloir offenser la religion ou la culture de l’un ou l’autre des groupes ethniques, nous devons impliquer tous les acteurs politiques et sociaux », explique Adelina Na Temba, ministre de la Solidarité sociale, de la Famille et de la Lutte contre la pauvreté.

Selon Mme Na Temba, le nouveau projet de loi sera présenté devant l’Assemblée nationale lors de la prochaine session et le pays pourrait bientôt suivre l’exemple de seize autres Etat africains qui ont voté des lois interdisant la pratique des MGF.

Le protocole de Maputo, un document de l’Union africaine qui condamne la pratique de l’excision a pris effet en novembre 2005. Alpha Oumar Konaré, Président de l’Union africaine et ancien chef d’Etat du Mali, un pays où la pratique des MGF est très répandue, a déclaré en juin dernier, lors de la journée internationale de l’enfant africain que cette pratique constituait une violation des droits humains et de la dignité des jeunes filles et des femmes.

Les MGF sont une pratique courante dans vingt-huit pays africains, dans certains pays du Proche-Orient, ainsi qu’au sein des communautés immigrées originaires de ces régions et vivant à l’étranger.

La lutte contre le fanado en Guinée-Bissau est particulièrement difficile. Malgré les nombreuses critiques des groupes traditionnels, l’organisation non-gouvernementale (ONG) locale Sinin Mira Nassique (qui signifie ‘penser à demain’ dans la langue Mandingue) est à la tête du combat contre la pratique des MGF, mais depuis la mort de sa présidente, Maria Augusta Mendonça Baldé, le mouvement semble s’essouffler.

Et l’absence de réaction de l’Assemblée nationale n’est pas faite pour faciliter la tâche. Après la guerre civile de 1998-1999, le parlement a été temporairement dissout en 2002. Après le coup d’Etat de 2003, il a cessé de siéger et n’a repris ses activités qu’à la suite de l’installation du nouveau gouvernement en 2005. Et les politiciens et les députés hésitent aussi à contrarier les électeurs qui considèrent les MGF comme un élément important de leur culture.

Pour surmonter les problèmes culturels liés à cette pratique, Sinin Mira Nassique a adopté une stratégie faisant l’éloge d’un fanado symbolique, avec tous les aspects sociaux et traditionnels du rituel, mais sans la MGF. Dans plusieurs pays, de tels « rites alternatifs » ont eu un certain succès, car ils maintenaient le caractère initiatique de la cérémonie et assuraient la pérennité de la culture.

Après plusieurs campagnes de sensibilisation, l’ONG a pu organiser cinq fanados symboliques dans les régions de Bissau, Gabu et Oio. Plus d’une centaine de praticiennes de ces régions ont alors décidé de déposer leurs couteaux avec l’espoir de trouver d’autres activités génératrices de revenus.

Mais comme ces activités ne sont pas faciles à dénicher, elles hésitent à abandonner complètement la pratique de l’excision, de peur de perdre leur seule source de revenu, a souligné le Président de IMC.

La cérémonie d’initiation revient entre 5000 et 7500 francs CFA (10 à 15 dollars américains) par enfant. Et lorsqu’elle implique une MGF, la praticienne reçoit aussi du savon, des poulets du riz et d’autres denrées.

Quarante ans de Fanado

Bula Baldé pratique le fanado depuis quarante ans à Bafatà. Octogénaire aujourd’hui, ce sont sa grand-mère et de sa mère, toutes deux de la région Fouta-Djalon en Guinée Conakry, qui l’ont initiée à cette pratique. Elle a conservé le couteau de quatre centimètres de sa mère, même si elle en utilise un tout nouveau. Elle cultive du maïs et du manioc dans son jardin, mais avoue qu’elle arrêtera d’exciser les jeunes filles que si « elle pouvait échanger son couteau contre un autre revenu ».

L’objectif du fanado est de contrôler la sexualité des femmes. Selon Bula Balné certaines familles craignent de découvrir que leur fille n’est plus vierge le jour de son mariage et choisissent une forme de MGF radicale, l’infibulation, qui empêche tout rapport sexuel. Cette dernière implique l’ablation des grandes lèvres et la suture de l’orifice vaginal. Le jour du mariage, on fait appel à une praticienne pour rouvrir le vagin. La famille offre alors à leur fille des bijoux en or ou un couteau en guise de récompense pour ses souffrances endurées.

Pendant le mois du Ramadan, période au cours de laquelle les musulmans jeûnent du lever au coucher du soleil, les hommes n’acceptent aucun plat servi par une femme non excisée. En outre, cette dernière ne peut être admise à la mosquée pour la prière. C’est pour cette raison que les femmes des groupes ethniques non musulmans qui marient des musulmans doivent subir les MGF, a expliqué Mme Baldé.

Les MGF sont interdites dans les pays voisins comme le Sénégal, la Guinée Conakry, le Burkina Faso et le Niger. Il arrive donc souvent que des praticiennes et des jeunes filles traversent la frontière pour organiser la cérémonie en Guinée-Bissau, un pays où la pratique n’est pas considérée comme délit.

Mais comme le souligne M. Na Temba, la Guinée-Bissau a signé des conventions internationales sur les droits des femmes et des enfants et ne devrait pas autoriser des pratiques qui violent ces droits.
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