quarta-feira, julho 05, 2006

De pauvre, le Sénégal veut devenir un pays émergent

Origem do documento: jornal "Le Figaro", Paris, 05 Jul 2006
por SIXTINE LÉON-DUFOUR.

Le projet ne manque pas d'ambition : atteindre 7 à 8 % de croissance pour réduire la pauvreté, endémique au Sénégal, et rejoindre le club des pays émergents d'ici à 2015. « Ambitieux, mais pas irréaliste », précise d'emblée le premier ministre sénégalais, Macky Sall, en visite officielle à Paris jusqu'à ce soir. Audacieux tout de même, car, attendue à 5 % cette année, la croissance pourrait être revue à la baisse. Le Sénégal veut y croire, pourtant, et compte se concentrer sur cinq secteurs prioritaires - l'agriculture, l'aquaculture, le tourisme, les nouvelles technologies et le textile - qui nécessitent aujourd'hui plus d'investissements, en particulier français. Voilà pourquoi cette « stratégie de croissance accélérée » a été présentée hier au Medef. Mais, si la France reste le premier partenaire économique du Sénégal, Dakar ne s'interdit pas d'aller voir ailleurs.

Nouveau chapitre avec PékinPendant un temps, Abdulaye Wade, le président sénégalais, s'est livré à un périlleux exercice d'équilibre diplomatique, en s'alignant sur Washington tout en ménageant Paris. Interrogé sur ce nouveau « tropisme américain », le président Wade a d'ailleurs toujours coupé court : « Je n'ai pas à choisir entre Bush et Chirac. » Aujourd'hui, ce sont des amours déçues. Des projets de coopération entre les deux pays, des quelque 500 millions de dollars, promis par le Millennium Challenge Account, bras armé de l'Administration Bush pour le développement, point de nouvelles. « On les attend depuis trois ans », reconnaît Macky Sall en souriant.

Alors, « en accord avec la nouvelle donne géopolitique », selon l'expression du président Wade, le Sénégal, dans la mouvance de ses voisins africains, joue la carte de la Chine. Il a rompu ses relations diplomatiques avec Taïwan en octobre dernier, ouvrant, de fait, un nouveau chapitre avec Pékin après neuf ans de silence diplomatique. Et là, effectivement, les choses vont beaucoup plus vite. Après une visite officielle chinoise au Sénégal et réciproquement, en à peine cinq mois, c'est le temps des moissons. Pékin a « offert » 30 millions de dollars pour la construction d'un théâtre de 3 000 places et s'est engagé également pour la construction d'une école des beaux-arts, d'un parc culturel... Le Sénégal, pour qui la production d'arachides est une question vitale - elle fait vivre 3 millions de personnes -, a obtenu un « droit à l'exportation » avec la promesse « de pouvoir écouler la moitié de notre production », explique le premier ministre.

Quant au groupe chinois MCC, soutenu par la banque centrale chinoise, il va investir dans une centrale électrique de charbon d'une capacité de 250 mégawatts.

Mais en échange de quoi ? « Je pense que le plus important pour Pékin, c'est réellement la question diplomatique. Le Sénégal a moins de richesses naturelles que d'autres pays africains mais est, en revanche, un élément essentiel dans le dispositif ouest-africain. Et la Chine en a besoin pour rayonner dans la région », explique Macky Sall. Aussi parce qu'elle n'ignore pas le poids de l'Afrique à l'ONU.

Le Sénégal a fait, il est vrai, beaucoup d'efforts pour son développement, en investissant massivement dans l'éducation ou dans la santé. Mais, selon l'ONU, 68 % de la population vivent encore avec moins de deux dollars par jour.

Et l'on ne peut s'empêcher de se demander si ce plan d'attaque n'est pas en fait destiné à masquer la réalité. Qui plus est dans un climat politique de plus en plus tendu et contesté à l'approche des élections législatives et présidentielle de février 2007.



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