sexta-feira, junho 09, 2006

L`anniversaire de la guerre civile laisse les citoyens indifférents

Origem do documento: www.africatime.com, 09 Jun 2006
(AngolaPress 09/06/2006)

Bissau, Guinée-Bissau, 09/06 - Les Bissau-Guinéens n`ont pas cru devoir célébrer ce mercredi 7 juin, le huitième anniversaire du déclenchement de la guerre civile de 1998 qui avait fait environ 2.500 morts, 8.000 réfugiés au Sénégal et en Guinée et 4.000 maisons détruites à Bissau.

Le 5 juin de cette année-là, le général Ansumane Mané, accusé de trafic d`armes en direction des rebelles du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC), était limogé de ses fonctions de chef d`état-major des armées.

Après avoir catégoriquement nié les faits qui lui étaient reprochés, il déclencha, 48 heures plus tard, une rébellion avec le soutien des officiers balantes, notamment de Verissimo Seabra Correia, lui-même ancien chef d`état-major des forces armées.

Huit années se sont écoulées depuis, et la plupart des Bissau- Guinéens qui avaient donné raison à Ansumane Mane regrettent amèrement aujourd`hui leur prise de position de l`époque.

Souleymane Seidy, un citoyen interrogé par la PANA, affirme que "les populations ont été bernées, car il n`y a jamais eu de 7-juin, donc de rébellion". C`est la raison pour laquelle cette date n`a pas été célébrée cette année par les autorités, explique-t-il.

"Les chefs militaires bissau-guinéens ont montré à la face du monde qu`ils se sont soulevés contre le régime de Nino Vieira pour leur intérêt personnel et leur promotion au sein de l`armée", a ajouté M. Seidy, persuadé que "ceux qui sont morts sont les seuls perdants".

Pour Pascal Mendes, un jeune maçon, le 7 juin 1998 n`a pas résolu les problèmes du peuple. "Cette guerre civile n`a fait qu`accroître la souffrance des populations", avis partagé par Joao Batista Te, selon qui la Guinée-Bissau a reculé de 20 ans par rapport à ses voisins de la sous-région. "Voilà les conséquences terribles de la guerre civile de juin 1998", tranche-t-il.

Au début de la rébellion pourtant, se souvient-il, tout le monde soutenait Ansumane Mané, qui est la cause principale de la crise que ce pays traverse en ce moment.

De l`avis de Jose Vaz Goncalves, la guerre civile de 1998 a eu des "conséquences politiques, économiques et sociales terribles" sur le pays (car) sur le plan politique, le président Koumba Yala n`a pas pu terminer son mandat de cinq ans alors qu`il a été élu au suffrage universel en 1999, et les militaires sont intervenus pour reprendre le pouvoir le 14 septembre 2003 par le biais d`un coup d`Etat.

"Donc l`influence politique des militaires s`est renforcée avec la guerre de 1998", souligne-t-il, ajoutant que sur le plan économique, les institutions de Bretton Woods, en l`occurrence le FMI et la Banque mondiale, ont suspendu leurs programmes avec la Guinée-Bissau.

"En outre, les hommes d`affaires se sont appauvris en perdant plus de 25 millions de dollars qu`ils avaient investis", dit-il encore, ajoutant que sur le plan social, 80% de la population ne vit qu`avec 1 dollar par jour, "ce qui constitue un facteur aggravant dans le délitement du tissu social".

Jose Vaz Goncalves met ensuite l`accent sur la division au sein de l`armée en raison de la mort du général Ansumane Mané, abattu le 30 novembre 2000 lors d`un affrontement avec les forces restées fidèles au président Yala.

Ce dernier profita de cette victoire pour promouvoir 14 généraux, dont douze sont des Balantes. En ce qui concerne les effectifs de l`armée, les membres de l`ethnie du président prennent dès lors le dessus, avec 60% de l`ensemble.

Pire encore, selon M. Goncalves, le 6 octobre 2004, une mutinerie des soldats viendra décapiter l`état-major de l`armée. "Le général Verissimo Correia Seabra est assassiné froidement à coups de bâton et les chefs d`état-major de l`armée de l`air (le général Manuel Melciades Fernandes, de la marine (l`amiral Quirino Spencer) ainsi que de l`armée de terre (le général Buota Nan Batcha) sont écartés de l`armée jusqu`à ce jour", martèle-t-il.

A l`échelle sous-régionale, regrette-t-il, les rebelles de Casamance (région du sud du Sénégal), conduits par leur chef Salif Sadio, ont pris part aux hostilités aux côtés de la junte militaire qui a chassé Nino Vieira du pouvoir le 9 mai 1999.

A noter aussi que l`implication des rebelles de Casamance dans cette guerre était motivée par le projet d`Ansumane Mane de bâtir une nation regroupant la Casamance, la Gambie et la Guinée-Bissau.

Selon des sources concordantes, les affrontements qui ont éclaté le 14 mars dernier entre la coalition rebelle appuyée par l`armée bissau-guinéenne et les éléments de Salif Sadio sont une conséquence de la guerre civile de juin 1998.

Joao Bernardo Vieira dit Nino, chassé du pays en 1999, est allé vivre au Portugal pendant six ans avant de rentrer au bercail en avril 2005. Il reviendra au pouvoir à la faveur de l`élection présidentielle du mois de juillet suivant et cherchera coûte que coûte à éliminer Salif Sadio, lequel avait contribué à sa chute.

Force est de constater que Nino Vieira a retrouvé le pouvoir en partie grâce au général Batista Tagm Na Wai, chef d`état-major des forces armées qui, par égard pour le chef de l`Etat, ne va pas organiser des festivités pour célébrer l`anniversaire de la chute de son régime.
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