quarta-feira, março 22, 2006

L'offensive se durcit contre Salif Sadio

Origem do documento: www.africatime.com, 22 Mar 2006
(RFI 22/03/2006)
par Monique Mas

Mardi, des blindés sont venus renforcer, à Sao Domingos, l'artillerie bissau-guinéenne qui pilonne depuis trois jours les alentours des localités de Baraca Mandioca et de Bamcére, où résistaient toujours des partisans de Salif Sadio, l’ancien patron de la branche militaire du Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (MFDC), Atika. Toujours introuvable, après une semaine de tirs et de ratissages, Salif Sadio serait réfugié au Sénégal tandis que dans ses bases arrières, les guérilleros continuent de narguer l’armée bissau-guinéenne qui progresse lentement, en terrain miné. Toutefois, selon des sources militaires des renseignements, obtenus avec la reddition, mardi, de deux lieutenants de Salif Sadio, pourraient faciliter la localisation des portes de sortie indépendantistes.

Mardi après-midi, les oreilles protégées du bruit des canons par des filtres de cigarettes, les yeux et le visage couverts pour supporter la surchauffe des arbres en flammes, notre envoyé spécial, Alain Yero Embalo, comptait les coups de 105 alternant avec l’orgue de Staline bissau-guinéenne. Les tirs ont embrasé la forêt dense, qui sert de base-arrière aux partisans de Salif Sadio, l’irréductible indépendantiste que ses anciens compagnons de route ont décidé d’éliminer de la cour casamançaise, grâce à l’armée bissau-guinéenne et sous l’œil intéressé de Dakar. La justice sénégalaise l’avait condamné en janvier dernier, par contumace, à cinq ans de prison pour «atteinte à l'intégrité du territoire». Salif Sadio avait déclaré publiquement qu’il «ne retournerait en Casamance qu'après en avoir chassé le Sénégal».

Un pays ami qui nous veut du bien

«C'est un pays ami et ils ne nous veulent que du bien; même s'ils débordent dans notre frontière, nous sommes des panafricains et ils sont chez eux au Sénégal», répondait lundi le ministre sénégalais des Affaires étrangères, Cheikh Tidiane Gaudio, questionné par l’Agence France Presse (AFP) sur l’offensive bissau-guinéenne. La faction du MFDC (une centaine d’hommes selon l’AFP) «qui veut la paix a demandé à l'armée bissau-guinéenne de les aider, en contrôlant la frontière, comme ça ils nettoient les poches de résistance», poursuivait le chef de la diplomatie sénégalaise. De fait, Dakar paraît s’en laver les mains. D’ailleurs, «l'armée sénégalaise n'est pas du tout impliquée».

En une semaine, l’opération de nettoyage bissau-guinéenne a vidé de leurs populations civiles les localité de Baraca Mandioca (2 ou 300 âmes) et de Bamcére (une dizaine de familles), sans jamais venir à bout des indépendantistes basés dans diverses clairières, au bord de cours d’eau, avec des vigiles en lisière de forêt et force de cordons de mines artisanales, qui explosent en chaîne au premier mouvement imprudent. Selon Alain Yero Embalo, l’arrivée de démineurs a permis à l’armée bissau-guinéenne de faire progresser son front, le déminage d’un puits lui permettant de se fixer quelques centaines de mètres plus loin. Mais, outre le problème des mines, la pertinence des assauts groupés au sol reste limitée par la tactique des guérilleros casamançais.

A pied, sans uniformes, fusils d’assaut, lance-roquettes, ou mortiers portables à l’épaule, les indépendantistes se meuvent comme poissons dans l’eau dans une région où la population leur est souvent acquise. Adeptes du téléphone mobile, ils pratiquent avec beaucoup d’habileté la «technique du cinocéphale», qui consiste à se dissimuler sur les cimes des palmiers dont ils empruntent les feuillages, rapporte Alain Yero Embalo. Leurs adversaires leur prêtent aussi la capacité de «disparaître au premier flair», comme l’antilope. Renseignement et camouflage sont leurs meilleures armes, comme en témoigne une marmite fumante encerclée par des soldats bissau-guinéens, sous les yeux de notre envoyé spécial.

Quand ils sont à bout de ressources, les guérilleros passent la frontière, à deux ou trois kilomètres à l’intérieur du Sénégal. Certains se replient dans une zone encore plus boisée, en bord de mer, du côté de Cap-Skiring. Côté bissau-guinéen, ils peuvent toujours compter sur leurs positions voisines, à Nhabalang et à Bofa. Avant de relancer l’offensive à l’Est, mardi, en direction de Baraca Mandioca, l’armée intensifiait ses efforts pour reprendre le contrôle de la route reliant Sao Domingos à la côte Atlantique. Les villageois de la région sont invités à rester chez eux. Mais déjà, dans la région frontalière de Ziguinchor, la ville principale de Casamance, au Sénégal, les organisations humanitaires ont dû fournir vivres et couvertures à plus de 500 réfugiés.

Mardi matin, l’armée bissau-guinéenne appelait au retour des quelque 3 000 habitants des environs de Sao Domingos qui avaient été priés, dimanche, d’évacuer la zone des combats. «Les soldats sont là pour assurer votre sécurité», leur promettait sur la radio locale le lieutenant-colonel Antonio Ndiaye. Un bilan officieux faisait état de plusieurs morts parmi les rebelles et les civils et de cinq morts au sein de l'armée bissau-guinéenne. Salif Sadio ne figurait toujours pas parmi les morts ou les prisonniers. Mais en annonçant la reddition de deux de ses lieutenants, qui lui auraient fourni de précieuses informations pour loger ses adversaires, ou, du moins localiser leurs «portes de sortie», l’armée bissau-guinéenne a battu le rappel de ses troupes postées sur l’Atlantique. Pilonnages et ratissages battaient leur plein mardi, en fin d’après-midi.



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