segunda-feira, dezembro 05, 2005

Malam Bécaï Sanhá: "La rébellion doit déposer les armes en Casamance"

Origem do documento: www.africatime.com, 05 Dez 2005
propos recueillis par Amadou DIOUF et Awa Diop NDIAYE (Walf Fm)
(Walfadjiri 05/12/2005)

En visite à Dakar, Malam Bécaï Sanha, le candidat malheureux des dernières élections présidentielles en Guinée-Bissau, s'est prêté sans fard à nos questions. Rencontré dans sa chambre d'hôtel, le président du Paigc parle du changement de gouvernement dans son pays, source d'un blocage politique. Mais, Malam Bécaï Sanha, qui refuse d'être qualifié de rebelle, exclut toute solution armée pour la prise du pouvoir. De la rébellion en Casamance, il pense que celle-ci doit cesser.

Wal Fadjri : Vous aviez fortement contesté les résultats des dernières élections présidentielles en Guinée-Bissau. Etes-vous toujours dans les mêmes dispositions ?
Malam Bécaï Sanha : La bataille des dernières élections présidentielles est fini pour moi. Maintenant, il faut penser à construire la Guinée-bissau.

Wal Fadjri : Quel est l'objet de votre visite à Dakar ?

Malam Bécaï Sanha : Je suis venu pour rencontrer le président Abdoulaye Wade qui est mon grand frère et qui est une personnalité que je respecte beaucoup. J'admire aussi ses capacités, son intelligence, son savoir faire. Je suis venu pour l'informer de la situation en Guinée-Bissau.

Wal Fadjri : Votre visite s'inscrit-elle dans le cadre de la bataille d'opinion ?

Malam Bécaï Sanha : Bataille d'opinion ! Pas tellement. Par contre, il faut effectivement informer la sous-région de la situation actuelle en Guinée-Bissau. C'est pour cela que je suis à Dakar. Et j'espère que lui aussi, il va informer les autres chefs d'Etat de la sous-région et pourquoi pas de toute l'Afrique.

Wal Fadjri : Quelle est cette situation dont vous faites allusion ?

Malam Bécaï Sanha : Le changement de gouvernement a compliqué les choses en Guinée-Bissau.

Wal Fadjri : Pouvez-vous vous expliquer un peu plus ?

Malam Bécaï Sanha : En Guinée-Bissau, nous avons un régime semi-présidentiel. C'est-à-dire que le chef du gouvernement doit être issu de la majorité parlementaire qui est dépositaire de la légitimité du peuple. Le Paigc (son parti : Ndlr) a remporté les dernières élections législatives en Guinée-Bissau en 2004. Mais, après un an et demi de législature, le président Nino Viera qui a remporté les élections présidentielles, a décidé de changer le gouvernement.

Wal Fadjri : Qu'est-ce qu'il devait faire, selon vous ?

Malam Bécaï Sanha : Il devait laisser le gouvernement qu'il avait trouvé en place.

Wal Fadjri : Maintenant qu'il ne l'a pas fait, y a-t-il une solution de sortie de crise ?

Malam Bécaï Sanha : La solution est de changer le nouveau gouvernement qu'il vient de créer, de discuter avec le Paigc pour en former un autre de consensus national. S'il ne le fait pas, le président Nino Vieira sera obligé de dissoudre l'Assemblée nationale et convoquer d'autres élections législatives si son programme est rejeté par les députés. Et cela coûte cher d'organiser des élections.

Wal Fadjri : C'est de cela que vous devez parler avec le président Wade ?

Malam Bécaï Sanha : Exactement. Parce que j'ai déjà discuté avec le président Nino Vieira de cette situation.

Si après toutes ces démarches, le président Vieira campe sur sa position, quelle sera votre attitude ?

Malam Bécaï Sanha : On va utiliser l'arme de la dénonciation parce que c'est une violation de la démocratie. Et la démocratie, c'est le respect des lois et des règles du jeu.

Wal Fadjri : Malam Bécaï Sanha n'est--il donc pas pour une solution armée ?

Malam Bécaï Sanha : Non, je n'ai jamais été un rebelle. Cela ne fait pas partie de mon comportement. J'ai toujours lutté pour la justice et seulement pour la justice. Tout le monde sait que je suis un homme de paix, de réconciliation et de stabilité. Je n'ai jamais été rebelle et je n'ai jamais été lié à un mouvement de rebellion. Quand je lève la voix pour protester, c'est pour plus de justice et de démocratie. Et j'utilise les voix légales. J'ai participé à la lutte de la libération nationale, mais je n'ai jamais été un militaire, je ne pense pas comme tel. Même si le président Nino reste dans sa position, je ne penserai jamais à une solution militaire. Je pourrai toujours le critiquer, le dénoncer dans le cadre de la démocratie, légal et légitime.

Wal Fadjri : Vous sollicitez les conseils du président Wade pourtant considéré comme le principal soutien de votre adversaire, le président Nino Vieira ?

Malam Bécaï Sanha : Je n'ai pas ce sentiment là. Vous savez, le président Wade m'a beaucoup soutenu aussi. Je sais, cependant, que le président Nino a reçu de l'appui de l'extérieur de la Guinée-Bissau. Mais dire que le chef de l'Etat sénégalais l'a soutenu directement, je ne saurais le dire. En ce qui me concerne, je me considère comme un grand ami du président Wade et j'entend le rester.

Wal Fadjri : Parlons de la crise casmançaise. La Guinée-Bissau est considérée comme une base arrière pour la rebellion du Mfdc. Qu'en est-il réellement ?

Malam Bécaï Sanha : Je ne sais pas si, un jour, la Guinée-Bissau a servi de base arrière à la rébellion du Mfdc. Tout ce que je peux dire, c'est que je suis contre cette guerre. Je l'ai plusieurs fois répété. Nous sommes dans un monde de globalisation, morceler les pays n'est pas une bonne solution. Je suis pour l'unité africaine. Par ailleurs, la Guinée-Bissau est concernée par cette guerre. La rébellion a indiqué où la Casamance commence au nord du Sénégal, mais n'a pas dit où elle s'arrête au sud. Si le Diola qui est en Casamance est le même que celui qui est en Guinée-Bissau, rien ne nous dit que, demain, les rebelles du Mfdc ne vont pas réclamer une partie du territoire bissau-guinéen. Rien que pour cela d'ailleurs, je pense que la Guinée-Bissau ne peut pas être la base arrière de la rébellion.

Wal Fadjri : Mais les combattants du Mfdc se repliaient en Guinée-Bissau à chaque fois que l'armée sénégalaise prenait le dessus sur eux.

Malam Bécaï Sanha : Les rebelles peuvent s'introduire en territoire bissau-guinéen sans l'accord des autorités mais, officiellement, notre pays n'a jamais servi de refuge. Si c'est arrivé un jour, c'est seulement pendant la guerre du 7 juin 1998. D'un côté, l'armée sénégalaise avait aidé le président Nino Vieira et, de l'autre, les rebelles avaient soutenu le général Mané. Pendant cette période, les rebelles du Mfdc sont entrés en Guinée-Bissau. Encore une fois, je suis contre la rébellion de quelque nature que ce soit. Parce qu'elle ne fait que détruire et on ne peut pas se développer dans la division et l'insécurité. Aujourd'hui, la Casamance (et avec elle toute la sous-région) a beaucoup perdu avec cette rébellion. C'est la raison pour laquelle je pense que tout le monde doit travailler pour le retour de la paix en Casamance. La Guinée-Bissau, la Gambie et le Sénégal doivent travailler main dans la main pour cela.

Wal Fadjri : Si vous aviez un conseil à donner au président Wade pour le règlement de ce conflit, ce sera quoi ?

Malam Bécaï Sanha : Je ne dirai pas ça à la presse. (Rires). La rébellion casamançaise doit arrêter d'utiliser les armes. Si elle a quelque chose à revendiquer, elle n'a qu'à faire cela autour d'une table. Les armes n'ont jamais été une solution. Elles détruisent l'homme qui les a fabriquées et anéantissent ses biens. Je ne veux pas aller loin dans ce débat. Sachez simplement que mon message est que la rébellion en Casamance doit cesser.

Wal Fadjri : Etes-vous prêt à jouer un rôle de médiateur dans le conflit casamançais ?

Malam Bécaï Sanha : Si le président Wade me le demande, je serai prêt à apporter ma contribution.



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