quarta-feira, novembro 02, 2005

Nino: "On ne peut pas travailler avec un Premier ministre qui vous tourne le dos"

Origem do documento: www.africatime.com, 02 Nov 2005

JOAO BERNARDO VIEIRA, PRÉSIDENT DE LA GUINÉE-BISSAU : " On ne peut pas travailler avec un Premier ministre qui vous tourne le dos "
(Le Soleil, Dakar, 02/11/2005)

Un exécutif à deux têtes, c’est une hypothèse impossible dans un pays qui cherche à installer et à préserver la stabilité en Guinée-Bissau. Voilà une bonne raison, selon le président Joao Bernardo Vieira, de se séparer de son désormais ancien Premier ministre, Carlos Gomes Junior. Le véritable enjeu, aujourd’hui, selon " Nino " Vieira, c’est de donner corps à une vision stratégique pour sortir de ce cycle d’instabilité politique. Premier acte non-négligeable : l’argent est disponible pour payer les fonctionnaires après des mois d’incertitudes. Ce défi est porté par le chef de l’Etat, aux côtés du peuple bissau-guinéen, dans un élan de partenariat renforcé avec le Sénégal. Avec notre pays, il existe, selon le président Vieira, des relations tissées par l’histoire, la géographie et le sang, dont l’une des manifestations est la lutte de libération nationale.

Le week-end dernier, nous avons assisté au limogeage de votre Premier ministre. Quelles sont les raisons qui vous ont poussé, Monsieur le Président, à prendre une telle décision ?

" D’abord, les problèmes ont commencé au sein du Paigc (Parti africain pour l’indépendance de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert). En plus de cela, j’ai d’autres bonnes raisons de le limoger. On ne peut pas travailler avec un Premier ministre qui vous tourne le dos. Ce n’est pas possible !

Il n’était pas candidat, mais l’ex-Premier ministre avait fait beaucoup de déclarations. J’avais toléré ces sorties. Mais il continuait à faire les mêmes déclarations et à dire qu’il ne reconnaît pas ma légitimité. Comment cohabiter avec un tel Premier ministre ? Il a tout fait pour retarder mon investiture qui était prévue le 3 septembre. Ceci pour m’empêcher d’aller aux Nations Unies. Même pour accepter le 1er octobre comme date de mon investiture, il a posé des conditions, histoire de faire un pacte. Ce sont des choses que je n’ai jamais révélées. Une délégation des pays lusophones était venue assister à cela. Mais comment un Premier ministre peut-il demander à un président de faire un pacte ? Ce n’est pas normal !

Auparavant, il disait que je n’allais pas gagner. Il disait qu’il va tout faire pour que j’échoue. Il disait que si je gagnais, il rendrait sa démission. Et quand j’ai gagné, il a dit que c’est le peuple qu’il l’a nommé. Je ne peux pas rester avec un chef de gouvernement qui me tourne le dos. Je l’ai posé des questions sur un certain nombre de problèmes. Il n’est pas capable de donner une réponse favorable. Les raisons qu’il a invoquées pour expliquer le non-paiement d’arriéré de mois de salaire ne m’ont pas donné satisfaction. Ils m’ont dit que l’argent disponible doit servir à payer les mois de novembre et décembre. J’ai dit non. Il faut payer les personnes pour leur permettre d’accomplir le ramadan dans de bonnes conditions. J’ai consulté tout le monde. Nous allons former un nouveau gouvernement. Nous allons consulter tous les partis. Le parti gagnant qui n’a pas la majorité des députés ne peut pas à lui seul former un gouvernement. "

Vous avez tantôt parlé des mois d’arriérés de salaire. Qu’allez-vous faire pour apporter une solution à ce problème ?

" Mes collaborateurs m’ont dit, aujourd’hui (l’entretien a été réalisé lundi 31 octobre), que l’argent est disponible. Je vais prendre contact avec les autorités du Trésor afin que nous puissions payer les fonctionnaires, car on ne peut pas les laisser sans ressources pendant ce mois de ramadan. "

Comment comptez-vous développer vos relations avec le Sénégal ?

" Comme vous le savez, avec le Sénégal, nous avons toujours entretenu de bonnes relations. Pendant la lutte de libération nationale, le Sénégal nous a beaucoup aidés. Si nous sommes indépendants, nous le devons au peuple sénégalais. Nous avons des réfugiés au Sénégal et en Guinée. Il y a des familles guinéennes qui ont des parents au Sénégal. Et comme le disait le président Wade, c’est le colonialisme qui nous a séparés. Il n’y a pas une raison pour que la coopération ne nous aide pas à entretenir ces bonnes relations. Nous allons davantage renforcer cette coopération. Pendant que notre pays traversait une crise, le Sénégal nous a aidés. Il y a tout un tas de raisons pour un bon voisinage, pour le bien de nos populations. "

Ferez-vous appel à la diaspora pour relancer le processus de développement ?

" Oui. C’est mon avis. Je vais faire appel à quelqu’un de l’extérieur qui n’a rien à voir avec la politique, un technocrate, pour nous aider à sortir le pays de cette situation. Mais, sur ce point, je vais poursuivre les discussions. Je veux appeler toute la diaspora guinéenne, des cadres, pour venir travailler avec moi. Il y a des cadres guinéens qui ont une expertise certaine, mais ils sont à l’extérieur. S’il y a une stabilité, ils vont revenir pour apporter leur contribution au développement du pays. Je prévois, au début ou au milieu de l’année, d’organiser une conférence pour la réconciliation nationale. Je vais inviter les pays voisins, les personnalités, pour nous aider à asseoir les bases d’une reconstruction nationale. "



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