domingo, outubro 03, 2004

Rádio rural: hoje na moda, indispensável amanhã

Origem do documento: Esporo - Informação para o Desenvolvimento Agrícola dos Países ACP (CTA - Centre Techniquede Coopération Agricole et Rurale ACP-UE)

por Dudu Diallo, un animateur professionnel qui a travaillé à la station de radio régionale de Saint-Louis au nord du Sénégal. Au cours de ses études au Centre africain de formation radiophonique à Ouagadougou (Burkina Faso), il a analysé les facteurs de viabilité des radios rurales dans un environnement compétitif

Radio rurale - À la mode aujourd’hui, indispensable demain

Le retrait progressif de l’État s’est arrêté dans la plupart des pays ACP, l’appareil d’État étant aujourd’hui plus compact et confiant. L’une de ses missions stratégiques est de créer et de préserver un environnement propice au développement et de mettre en place des infrastructures. Ces deux domaines d’intervention, nous confie Dudu Diallo, devraient compter sur la participation des radios rurales car, sans aucun doute, celles-ci sont fondamentales dans les stratégies de développement et méritent tout l’appui à long terme que les bailleurs de fonds peuvent leur accorder.

D’après des estimations récentes, les pays ACP comptent 2 000 stations de radio rurale, la plupart émettant en Afrique, alors que, voici une dizaine d’années à peine, elles n’étaient qu’une poignée. La radio rurale se limitait alors souvent à une émission d’une heure sur les stations nationales. L’explosion de la radio rurale a été plus marquée dans trois domaines. Tout d’abord, et les nouveaux adeptes de ce média ont tendance à l’oublier, les stations de radio nationales ont considérablement augmenté leur temps d’antenne sur les sujets intéressant tout particulièrement les populations rurales, en élargissant leur grille de programme et, surtout, en créant des stations régionales. Le Sénégal offre un parfait exemple de cette évolution : la radio nationale a ouvert six stations régionales, appelées Radio Disso ou "Radio dialogue", et dont les programmes ont bien entendu une forte orientation rurale.

Deuxièmement, des centaines de stations de radio locales se sont établies un peu partout. Au Mali, il en existe environ 300, bien plus par habitant qu’aux Pays-Bas ! Ce phénomène s’étend également au Burkina Faso, en Ouganda et en Afrique du Sud. Le point fort de ces stations, c’est d’être proches des populations, d’où leur surnom de "radio de proximité".

Troisièmement, enfin, des stations commerciales, profitables et bien établies dans les principaux centres urbains, se sont mises à diffuser leurs programmes dans les zones rurales. Dans les pays plus petits, comme en Jamaïque, les stations commerciales ont depuis longtemps une orientation rurale, et cette tendance est en train de se généraliser dans tous les États ACP.

La radio, le moyen de diffusion le plus adapté
Nous sommes peut-être au bord d’une implosion partielle des radios rurales. Cette croissance impressionnante des stations de radio, nous la devons à la vague de démocratisation qui a déferlé sur la plupart des États ACP. La chute des oligarchies s’est accompagnée d’une diminution de la complexité et des coûts des techniques de diffusion. Aujourd’hui, n’importe qui peut acquérir l’équipement de base pour une station FM locale pour 3000 h. Les conséquences sont évidentes, et parfois pénibles pour nos oreilles et nos goûts personnels! Mais même dans ce cas, il y a des aspects positifs : la radio est encore mieux acceptée, et elle est aujourd’hui déjà le média le plus adapté en Afrique, et les programmes sont choisis avec plus de discernement pour répondre aux attentes des populations rurales.

Partenariats pour le progrès
Tous ceux qui participent à la diffusion de programmes sur les radios rurales ont un rôle important à jouer pour en garantir la viabilité. L’État, qui n’a plus le monopole, doit demeurer le garant du travail indépendant et efficace des instances chargées de la réglementation, notamment au niveau de l’attribution des fréquences hertziennes et de l’éthique de diffusion. Et l’État, en collaboration avec des partenaires extérieurs, peut aussi assurer la mise en place et l’entretien des infrastructures : antennes, stations de relais, etc. Mais surtout, les auditeurs doivent veiller à ce que les stations continuent de leur être utiles.

" Je suis convaincu que les radios rurales ont de belles années de service devant elles."

Les abonnements sont l’une des options possibles, et le calcul est assez simple. Nos études révèlent que les coûts d’exploitation annuels d’une station rurale en Afrique de l’Ouest se montent à 13 000 000 FCFA (environ 20 000 h), ce qui est à la portée de certaines stations locales. Le Conseil national pour la concertation et la coopération rurales (CNCR), au Sénégal, une fédération qui regroupe environ 300 associations et qui anime une radio rurale, est un exemple typique. Vous vous rendez bien compte que, si chaque association comprend 15 membres en moyenne, une cotisation mensuelle de cent à deux cents francs par membre permettra de couvrir une bonne partie des coûts d’exploitation. L’autre option consiste à vendre du temps d’antenne aux annonceurs publicitaires et autres sponsors. Cela se pratique déjà, avec beaucoup de succès, avec de nombreux partenaires étrangers, des compagnies pétrolières comme la Shell, qui sponsorise des émissions techniques à l’intention des pêcheurs, des organisations nationales et internationales qui informent les communautés rurales sur le sida.

Les radios rurales qui prospéreront sont les stations populaires. Cela ne veut pas dire nécessairement que les ondes seront saturées de musique pop. Les stations doivent gagner et conserver la fidélité de leurs auditeurs en leur offrant des programmes de qualité. Avec un public fidèle, capable de mobiliser sa propre participation financière et d’offrir un marché intéressant aux sponsors et aux annonceurs, la plupart des radios dignes de ce nom survivront.

Toutefois, les coûts de lancement d’une station, sur le plan des équipements et du personnel, sans parler des coûts d’entretien, sont considérables. C’est ici que la communauté internationale a aussi son rôle à jouer. Nous devons expliquer aux bailleurs de fonds qu’investir dans les radios rurales n’est pas une simple question de mode, mais un investissement direct et à long terme dans des infrastructures de base.

Les nouvelles technologies, comme l’Internet, nous aident déjà en offrant aux stations locales les moyens d’échanger des programmes régulièrement ou ponctuellement par le biais des réseaux informatiques. Je suis convaincu que les radios rurales, du moins celles qui méritent de survivre, ont de belles années de service devant elles.



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