quarta-feira, junho 01, 2005
Sucesso na luta contra a SIDA
Origem do documento: jornal "Le Figaro", Paris, 05 Jun 2005
Le Sénégal a su contenir l'épidémie de sida
Dès 1998, deux ans seulement après l'arrivée des trithérapies en Europe et en Amérique du Nord, le Sénégal a été le premier en Afrique à se lancer dans des programmes de soins délivrant des antirétroviraux aux malades du sida. Avec le soutien de l'Agence nationale de recherches sur le sida (ANRS) et de son directeur le Pr Michel Kazatchkine, particulièrement engagé au niveau de la recherche dans les pays du Sud et désireux de démontrer qu'il était possible de prescrire des médicaments demandant un suivi aussi complexe aux si nombreux malades abandonnés du Sud. Et ce, en dépit des Cassandre qui ne croyaient pas à une telle démarche, dans un contexte limité d'accès aux soins.
Dix ans après la création à Dakar de l'un des sites pionniers de l'ANRS en Afrique (avec le Burkina, la Côte d'Ivoire et récemment le Cameroun) le bilan est largement positif se sont félicités tous les scientifiques réunis à Dakar le 26 mai dernier lors de la sixième journée scientifique de l'ANRS. «On peut dire que le Sénégal où la prévalence de la maladie est stable depuis 1986, avec un taux de contamination de 1,5% de la population, est le bon élève de l'Afrique tant au niveau de la prévention de la maladie que de sa prise en charge et de la recherche», a souligné le Dr Ibra Ndoye, codirecteur avec le Pr Eric Delaporte (Institut de recherche pour le développement-Université de Montpellier-I) du programme multisectoriel de lutte contre la maladie.
Dès les tout débuts de l'épidémie, Ibra Ndoye, fort de son expérience en matière de lutte contre les maladies sexuellement transmissibles, a été le maître d'oeuvre de programmes d'information et de prévention très actifs avec l'implication des communautés et des imams dans un pays où 94% des habitants sont musulmans. «Dès 1986 nous avons opté pour la «déclaration» de nos premiers cas, nous n'avons pas été dans le déni comme beaucoup de nos voisins», soutient-il. Tant et si bien que la reconnaissance de la maladie jointe aux efforts faits pour l'endiguer ont été payants. Le sida, à l'exception de certains groupes à risques (prostituées et homosexuels) et les régions frontalières plus touchées à cause du contact avec des migrants, est resté contenu. Contrairement à la Côte d'Ivoire, où la prévalence dépasse les 12%, sans parler des pays les plus sévèrement touchés où elle dépasse les 50%.
Les programmes scientifiques du «site» ANRS se concentrent aujourd'hui autour de l'initiative sénégalaise d'accès aux antirétroviraux (ISAARV) mise en oeuvre dès 1998. Une «cohorte» de patients traités, dont le nombre s'élève aujourd'hui à 400, est régulièrement suivie au plan clinique, socio-anthropologique et économique. C'est la plus ancienne cohorte d'Afrique. Les premiers résultats publiés en 2002 ont montré l'efficacité des traitements – diminution de la charge virale, gain du taux des lymphocytes CD4 – ainsi qu'une bonne tolérance. Ils ont ainsi démontré la faisabilité et l'efficacité d'une telle approche menée sur et par des Africains avec l'accompagnement de l'ANRS. Ce qui a permis de convaincre les bailleurs de fonds de s'investir dès l'année 2000 dans la première initiative d'accès aux antirétroviraux qui passait par une baisse considérable des prix des médicaments destinés aux pays du Sud.
Le Sénégal a été le premier pays africain à se lancer dans cette entreprise facilitée en avril 2003 par l'arrivée des génériques, des copies bon marché des médicaments pour un coût mensuel de quinze mille francs CFA (22,5 euros) dans un pays où le revenu mensuel moyen ne dépasse guère cette somme. Aussi au début 2004, le chef de l'Etat, le président Wade a décidé de les rendre gratuits. A l'heure actuelle, près de 2 800 patients au stade sida avéré sont sous traitement, l'objectif étant d'avoir 7 000 patients traités en 2006.
«Dans un contexte d'accès limité aux soins, nous avons obtenu des résultats aussi bons que dans les pays du Nord», assure le Pr Papa Salif Sow, chef du service des maladies infectieuses au CHU de Fann à Dakar. «Aujourd'hui nous sommes arrivés à une seconde phase capitale qui passe par la décentralisation des lieux de soins et la formation des prescripteurs pour éviter aux malades de devoir se rendre à 700 ou 800 km de chez eux pour être suivis.» Depuis le 11 février 2005, toutes les régions du Sénégal sont dotées d'un centre expert. «Mais il faut aussi faciliter l'accès au dépistage et mieux le cibler, en particulier dans les centres contre la tuberculose et les infections sexuellement transmissibles souvent associées au sida, mais aussi dans les dispensaires prenant en charge les femmes enceintes.»
Une autre préoccupation majeure consiste à trouver des techniques alternatives performantes mais bon marché pour faciliter l'accès aux analyses indispensables au bon suivi des traitements. Car le coût des examens biologiques reste le goulot d'étranglement. Ces examens plus les consultations reviennent à 10 000 F CFA par mois, un coût prohibitif pour les malades, dont le revenu mensuel moyen ne dépasse guère les 16 500 francs CFA.
«Dotée d'un budget de 50 millions d'euros par an, l'ANRS en consacre 20% aux pays en voie de développement», a tenu à rappeler le Pr Kazatchkine pour qui un tel engagement est fondamental car on a un tel sentiment d'urgence pour faire face à l'épidémie dans les pays du Sud, ajoutant que les leçons tirées de ces recherches sont importantes non seulement au plan régional africain mais aussi au plan international. Tous les participants se sont levés pour une standing ovation au directeur de l'ANRS, qui quitte ses fonctions à la fin du mois, pour le poste d'ambassadeur en mission chargé de la lutte contre le sida et les maladies transmissibles.
Le Sénégal a su contenir l'épidémie de sida
Dès 1998, deux ans seulement après l'arrivée des trithérapies en Europe et en Amérique du Nord, le Sénégal a été le premier en Afrique à se lancer dans des programmes de soins délivrant des antirétroviraux aux malades du sida. Avec le soutien de l'Agence nationale de recherches sur le sida (ANRS) et de son directeur le Pr Michel Kazatchkine, particulièrement engagé au niveau de la recherche dans les pays du Sud et désireux de démontrer qu'il était possible de prescrire des médicaments demandant un suivi aussi complexe aux si nombreux malades abandonnés du Sud. Et ce, en dépit des Cassandre qui ne croyaient pas à une telle démarche, dans un contexte limité d'accès aux soins.
Dix ans après la création à Dakar de l'un des sites pionniers de l'ANRS en Afrique (avec le Burkina, la Côte d'Ivoire et récemment le Cameroun) le bilan est largement positif se sont félicités tous les scientifiques réunis à Dakar le 26 mai dernier lors de la sixième journée scientifique de l'ANRS. «On peut dire que le Sénégal où la prévalence de la maladie est stable depuis 1986, avec un taux de contamination de 1,5% de la population, est le bon élève de l'Afrique tant au niveau de la prévention de la maladie que de sa prise en charge et de la recherche», a souligné le Dr Ibra Ndoye, codirecteur avec le Pr Eric Delaporte (Institut de recherche pour le développement-Université de Montpellier-I) du programme multisectoriel de lutte contre la maladie.
Dès les tout débuts de l'épidémie, Ibra Ndoye, fort de son expérience en matière de lutte contre les maladies sexuellement transmissibles, a été le maître d'oeuvre de programmes d'information et de prévention très actifs avec l'implication des communautés et des imams dans un pays où 94% des habitants sont musulmans. «Dès 1986 nous avons opté pour la «déclaration» de nos premiers cas, nous n'avons pas été dans le déni comme beaucoup de nos voisins», soutient-il. Tant et si bien que la reconnaissance de la maladie jointe aux efforts faits pour l'endiguer ont été payants. Le sida, à l'exception de certains groupes à risques (prostituées et homosexuels) et les régions frontalières plus touchées à cause du contact avec des migrants, est resté contenu. Contrairement à la Côte d'Ivoire, où la prévalence dépasse les 12%, sans parler des pays les plus sévèrement touchés où elle dépasse les 50%.
Les programmes scientifiques du «site» ANRS se concentrent aujourd'hui autour de l'initiative sénégalaise d'accès aux antirétroviraux (ISAARV) mise en oeuvre dès 1998. Une «cohorte» de patients traités, dont le nombre s'élève aujourd'hui à 400, est régulièrement suivie au plan clinique, socio-anthropologique et économique. C'est la plus ancienne cohorte d'Afrique. Les premiers résultats publiés en 2002 ont montré l'efficacité des traitements – diminution de la charge virale, gain du taux des lymphocytes CD4 – ainsi qu'une bonne tolérance. Ils ont ainsi démontré la faisabilité et l'efficacité d'une telle approche menée sur et par des Africains avec l'accompagnement de l'ANRS. Ce qui a permis de convaincre les bailleurs de fonds de s'investir dès l'année 2000 dans la première initiative d'accès aux antirétroviraux qui passait par une baisse considérable des prix des médicaments destinés aux pays du Sud.
Le Sénégal a été le premier pays africain à se lancer dans cette entreprise facilitée en avril 2003 par l'arrivée des génériques, des copies bon marché des médicaments pour un coût mensuel de quinze mille francs CFA (22,5 euros) dans un pays où le revenu mensuel moyen ne dépasse guère cette somme. Aussi au début 2004, le chef de l'Etat, le président Wade a décidé de les rendre gratuits. A l'heure actuelle, près de 2 800 patients au stade sida avéré sont sous traitement, l'objectif étant d'avoir 7 000 patients traités en 2006.
«Dans un contexte d'accès limité aux soins, nous avons obtenu des résultats aussi bons que dans les pays du Nord», assure le Pr Papa Salif Sow, chef du service des maladies infectieuses au CHU de Fann à Dakar. «Aujourd'hui nous sommes arrivés à une seconde phase capitale qui passe par la décentralisation des lieux de soins et la formation des prescripteurs pour éviter aux malades de devoir se rendre à 700 ou 800 km de chez eux pour être suivis.» Depuis le 11 février 2005, toutes les régions du Sénégal sont dotées d'un centre expert. «Mais il faut aussi faciliter l'accès au dépistage et mieux le cibler, en particulier dans les centres contre la tuberculose et les infections sexuellement transmissibles souvent associées au sida, mais aussi dans les dispensaires prenant en charge les femmes enceintes.»
Une autre préoccupation majeure consiste à trouver des techniques alternatives performantes mais bon marché pour faciliter l'accès aux analyses indispensables au bon suivi des traitements. Car le coût des examens biologiques reste le goulot d'étranglement. Ces examens plus les consultations reviennent à 10 000 F CFA par mois, un coût prohibitif pour les malades, dont le revenu mensuel moyen ne dépasse guère les 16 500 francs CFA.
«Dotée d'un budget de 50 millions d'euros par an, l'ANRS en consacre 20% aux pays en voie de développement», a tenu à rappeler le Pr Kazatchkine pour qui un tel engagement est fondamental car on a un tel sentiment d'urgence pour faire face à l'épidémie dans les pays du Sud, ajoutant que les leçons tirées de ces recherches sont importantes non seulement au plan régional africain mais aussi au plan international. Tous les participants se sont levés pour une standing ovation au directeur de l'ANRS, qui quitte ses fonctions à la fin du mois, pour le poste d'ambassadeur en mission chargé de la lutte contre le sida et les maladies transmissibles.